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Peut-être avais-je rencontré non pas les papillons, mais le papillon de Dinard, et la question était de savoir si ce visiteur matinal venait exprès pour moi, s'il négligeait délibérément les autres cafés parce que je me trouvais dans le mien (Aux Cornouailles) ou parce que ce petit coin était simplement inscrit sur un itinéraire mécanique, qùil suivait chaque jour. Promenade matinale, en somme, ou message secret? Afin de lever le doute, avant de repartir, je décidai de laisser un bon pourboire à la serveuse, avec mon adresse en Italie. Elle devrait m'écrire un "oui" ou un "non": si le visiteur s'était de nouveau manifesté après mon départ, ou s'il ne s'était plus montré. J'attendis donc que le petit papillon se posât sur un vase de fleurs et, sortant un billet de cent francs, un bout de papier et un crayon, j'appelai la jeune fille. Dans un français plus hésitant que de coutume, en balbutiant, j'expliquai la situation ; non pas toute la situation, mais une partie. J'étais un entomologiste amateur et je voulais savoir si le papillon allait encore revenir, jusqùà quand il pourrait tenir avec ce froid. Puis je me tus, en nage, atterré. - Un papillon? Un papillon jaune? - dit la charmante Phyllis en écarquillant deux yeux à la Greuze. Sur ce vase? Mais je ne vois rien. Regardez mieux. Merci bien, Monsieur.
![]() Traduit de l'italien par Mario Fusco. Edition Fata Morgana, 1985)
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